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18/01/2013

Jérôme Scorin

NANCY : JÉRÔME SCORIN EST DÉCÉDÉ

Il a vécu un des épisodes les plus terribles de l’histoire de l’humanité et ne cessait d’apporter son témoignage, avec dignité et humanité. Jérome Scorin, figure de la Résistance et représentant de l’Amicale des déportés juifs de France avait échappé à la rafle du 19 juillet 1942;

 
 
 
Nancy : Jérôme Scorin est décédé

Nancy : Jérôme Scorin est décédé

 
 
 

NANCY. Nous venons d’apprendre le décès de Jérôme Scorin, une grande figure de la communauté juive de Nancy, résistant, déporté et inlassable transmetteur du devoir de mémoire de la Shoah.

Né le 20 avril 1924 à Zagorow en Pologne, il était venu en France, terre de liberté, dès l’âge de 6 ans. Il s’était établi avec sa famille à Nancy où vivait un vieil oncle qui avait combattu pour la France, lors de la Première Guerre mondiale. Rabbin de formation, son père avait d’abord travaillé à la chocolaterie Stanislas, avant d’entrer chez Nordon. Sa mère tenait une boutique d’étalagiste, place du marché. Avec sa sœur Régine, le jeune Jérôme avait appris le français à l’école Didion. Lors de la débâcle, la famille s’était réfugiée près de Bordeaux. Touchés par les lois antijuives de Vichy, les Scorin, qui s’appelaient à l’époque Skorka, avaient d’abord été assignés à résidence, puis internés au camp de La Lande, d’où Jérôme s’était échappé à vélo. Par la suite, ses parents et son petit frère Léon ont été déportés et ont péri à Auschwitz. Sa sœur Régine était restée à Nancy et Jérôme décida de la retrouver.

Grâce aux policiers du Service des étrangers, ils échappèrent à la rafle de Nancy et, pour témoigner sa gratitude à ces hommes et à leur commissaire, Jérôme Scorin œuvra après la libération pour qu’ils obtiennent la médaille des Justes. Rescapés, le frère et la sœur partirent pour Lyon où ils entrèrent dans la résistance. Arrêtés, ils furent internés au fort de Montluc où sévissait Barbie, et envoyés en déportation. Ils se retrouvèrent quatre mois ensemble à Auschwitz, puis leurs chemins se séparèrent, Régine ayant été envoyée à Kratzau.

Quant à Jérôme, il connut l’enfer de 9 camps et dut à une jambe gangrenée d’être sauvé par un médecin soviétique. Ce fut ensuite la longue marche des déportés rescapés. Lorsqu’il frappa à la porte de sa tante, la mère de Léon Herzberg, à Nancy, personne ne le reconnut. Régine retrouva le chemin de la liberté un peu plus tard. Dès lors, les deux rescapés n’eurent de cesse de témoigner, pour que les révisionnistes ne puissent pas effacer cette tragédie. Jérôme et Régine, épouse Jacubert, ont donné des conférences dans de nombreuses écoles pour témoigner auprès des plus jeunes. Jérôme a raconté son histoire dans un livre intitulé « Itinéraire d’un adolescent juif de 1939 à 1945 ». Ayant appris le métier de tourneur, Jérôme Scorin reprit finalement le commerce de ses beaux-parents, avant de s’installer à son compte.</p><p>Très proche de lui, son cousin Léon Herzberg, qui salue sa ténacité, en même temps que sa grande modestie, considère que c’est le poème de Rudyard Kipling « Tu seras un homme mon fils » qui le définit le mieux.

« Si tu sais être bon, si tu sais être sage, sans être moral ni pédant ; si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite et recevoir ces deux menteurs d’un même front, tu seras un Homme, mon fils. »

Les obsèques de Jérôme Scorin, chevalier de la Légion d’Honneur et des Palmes académiques, auront lieu ce lundi à 14 h 30, au cimetière israélite de Préville. A ses deux fils, Bertrand et Joël, ainsi qu’à toute la parenté, L’Est Républicain présente ses condoléances.

D. H.


Est Républicain 18/01/2013

 
 

Commentaires

Une douce pensée pour cet homme admirable qui était intervenu avec sa soeur pour témoigner devant une classe de première.

Écrit par : aliscan | 18/01/2013

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